Évaluer les programmes d'innovation

La revue Horizons publics publie dans son nº 40 un très riche dossier sur les programmes d'innovation publique, qui ouvre la question de leur évaluation. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que les financeurs publics et privés demandent des évaluations des projets qu'ils soutiennent, mais ne s'appliquent pas à eux-mêmes cette logique.

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Agathe Devaux y publie avec Samuel James l'article "Le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse : comment apprendre de l’innovation par l’expérimentation ?"

En seize ans, près d’un millier de projets innovants ont été financés, expérimentés et évalués, tous visant à favoriser la réussite scolaire des élèves, à contribuer à l’égalité des chances et à améliorer l’insertion sociale et professionnelle durable des jeunes de moins de 25 ans. Quels enseignements tirer du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) ? Que sont devenus les projets soutenus ? Regard croisé d’une évaluatrice, Agathe Devaux-Spatarakis, et d’un chargé d’études et d’évaluation de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), Samuel James, sur les possibilités d’apprentissages ouvertes par le FEJ. Lancé en 2008 et porté par l’INJEP, le FEJ qui finance des dispositifs expérimentaux en faveur des jeunes est unique dans le paysage français de l’innovation publique.

Thomas Delahais y est interrogé en synthèse sur les enjeux de ces programmes au regard de la transformation de l'État :

Maintenant, […] l’idée que les expérimentations, ou la culture expérimentale, puissent « changer l’État » est une idée peu plausible. L’État, en France, est en réforme, en réinvention permanente, comme l’a montré Philippe Bezes . Dans cette transformation, qui prend du temps, qui n’est pas toujours à sens unique, qui dépend du jeu des acteurs politiques, mais aussi des fonctionnaires, etc., la logique expérimentale joue un rôle. Elle est un outil, qui permet certes de tester des idées nouvelles, mais aussi de faire entrer ou monter en puissance des acteurs nouveaux (comme les acteurs de l’économie sociale et solidaire), de les faire travailler ensemble, parfois de les faire patienter ou de les consoler, elle introduit du débat dans l’administration, etc. En bref, elle sert d’abord les objectifs de l’État.